Les débarquements français en Irlande (1689-1798)

Introduction

L’insularité des îles britanniques est un truisme bien connu, comme ses conséquences en termes d’accessibilité. Après des invasions réussies par Jules César et Guillaume le Conquérant, à l’époque où la Royal Navy n’existait pas, plus aucun envahisseur ne parvient à y effectuer un débarquement important et s’y maintenir. Hormis l’échec de l’invincible armada espagnole de 1588, jamais les armées françaises n’ont par exemple réussi à prendre pied en force sur le sol de la Grande-Bretagne après un débarquementCette impossibilité a notamment fait enrager Louis XIV, malgré les victoires de Tourville qui tint la Manche, et Napoléon, empêtré dans son plan qui se termina par Trafalgar. Cela empêcha par là même de nombreux souverains de signer une paix avantageuse à Londres. La marine britannique, vraiment développée après Henry VIII, est bien entendu en cause, tenant très efficacement la Manche et arrêtant bien souvent les flottes adverses, malgré quelques passages difficiles dans son histoire, par exemple contre le Néerlandais Ruyter, qui remonta la Tamise.

Commémoration du débarquement français de 1798 à Kilcummin, photo de l’auteur, 30/07/2016

Cela ne veut pas dire que rien ne fut tenté par les différents ennemis de la Grande-Bretagne puis du Royaume-Uni. Cet article veut se concentrer sur les essais des régimes français successifs qui furent opposés à Londres. On connaît par ailleurs bien l’alliance de revers avec l’Écosse, jusqu’à ce que celle-ci devienne protestante, puis, après la chute de la dynastie Stuart, le soutien-assez intéressé – à ses partisans, les « Jacobites ». Pourtant, on parle souvent moins de l’intérêt français pour l’Irlande, qui ne s’est pas démenti au cours des siècles et qui, là, va nous mener du Roi-Soleil à la Révolution. Nous chercherons donc à expliquer les différents essais de débarquement en Irlande, leur déroulement ainsi que les raisons de leurs échecs.

I) Les débarquements de l’ancien régime : 1689 et 1690

A) Le contexte

Le premier débarquement dont nous allons parler est donc celui de 1689, en plein dans le règne de Louis XIV. Celui-ci entame la partie la plus délicate de ses années au pouvoir. Si les armées françaises emportent encore de beaux succès, ce ne sont plus les victoires des guerres du début du règne : Dévolution (1667-1668) et Hollande (1672-1678). Depuis l’année 1688, la France jugée trop puissante par de nombreux États européens, fait face à une puissante coalition ce qui a donné son nom au conflit : la guerre de la ligue d’Augsbourg. Cette alliance anti-française rassemble de nombreux pays, dont le royaume d’Angleterre, celui d’Espagne et les Provinces-Unies. C’est en fait une constante jusqu’en 1815, qui fait que plusieurs historiens nomment cette période « la seconde guerre de Cent ans ».

Si l’essentiel des combats de ce conflit a lieu en Allemagne, dans les Pays-Bas et en Italie, les îles britanniques sont aussi concernées. La raison tient bien entendu à la présence de Londres dans la longue liste des ennemis de la France, mais aussi à la situation interne des royaumes de Grande-Bretagne. Celle-ci a chassé les Stuart du trône en 1688, lors de la « Glorieuse Révolution », notamment à cause du catholicisme militant du roi Jacques II, dans un pays devenu majoritairement anglican et presbytérien (Écosse). Appelé depuis les Pays-Bas, Guillaume d’Orange, époux d’une de des filles du roi précédent demeurée protestante, le remplace sous le titre de Guillaume III. Or, il n’aime pas Louis XIV qui a envahi son pays pendant la guerre de Hollande et a fait occuper sa principauté d’Orange (actuel Vaucluse). Depuis, et pour longtemps, les Stuart se sont réfugiés avec leurs partisans en France et vont tenter plusieurs fois de reprendre le pouvoir en débarquant en Écosse ou, en Irlande où ils gardent des soutiens, notamment auprès des populations catholiques.

B) Un premier débarquement d’officiers 

Ainsi, Versailles se laisse convaincre qu’aider Jacques II à retrouver son trône est une occasion inespérée d’affaiblir durablement l’Angleterre (l’union de l’Angleterre avec l’Écosse n’a lieu qu’en 1707, et celle avec l’Irlande en 1800-01), en suscitant une révolte sur les terres qu’elle contrôle. Il s’agit évidemment d’un soutien intéressé, malgré les liens de famille réels entre les deux dynasties (la mère de Jacques II est la fille d’Henri IV). Pour revenir à l’Irlande : une bonne partie de l’Ile Verte, farouchement catholique, sauf au nord plus mêlé, s’est justement soulevée à l’occasion de la Glorious Revolution et réclame le retour du roi Jacques. Celui-ci, soutenu par Versailles, débarque donc à Kinsale, dans le sud de l’Irlande, le 12 mars 1689. Outre ses hommes (un bon millier de partisans) et du matériel, une centaine de Français, des officiers, sont à ses côtés. Ils doivent le conseiller et l’aider à commander ses troupes. Or, dès le début, l’entente est mauvaise entre les deux partis qui n’ont pas les mêmes conceptions stratégiques. Le Stuart ne parvient d’ailleurs pas à s’emparer rapidement des villes protestantes du nord de l’île, qui se défendent farouchement, et une armée de secours plutôt nombreuse est dépêchée depuis l’Angleterre. Cet échec conduit Jacques à revenir en France et Louis à décider de l’envoi d’une force française bien supérieure dès l’année suivante.

C) 1690 : poursuivre la tentative de 1689

Il s’agit cette fois de rien de moins que près de 7000 hommes et 400 officiers, dont une soixantaine d’artillerie, débarqués en mars 1690. Nous sommes loin des conseillers de l’année précédente. C’est sans doute la force française la plus importante qui ait débarqué pour des opérations militaires dans les îles britanniques. Cette réussite prouve également le bon niveau de la marine française d’alors, qui a permis ce transport de troupes. Toutefois, leur chef, le comte de Lauzun, n’est guère un brillant stratège et cette arrivée de Français correspond à un échange de troupes décidé par les dirigeants, ce qui complexifie la situation. En effet, en contrepartie de contingents français, plusieurs régiments irlandais prennent leur place dans les navires de la flotte du roi-soleil pour aller combattre sur le continent. Finalement, rien n’était acquis pour Jacques II. D’ailleurs, à partir de là, les évènements s’accélèrent. Guillaume d’Orange lui-même, décidé à agir vite, se met à la tête de ses troupes et marche vers l’armée franco-irlandaise de Jacques II. À l’été, les deux forces se font face, pour ce que tous ressentent comme un combat décisif. Le roi Guillaume dispose de 36.000 hommes bien entraînés face aux 25.000 partisans du Stuart. L’affrontement a lieu de long des rives de la rivière Boyne, au nord de Dublin, le 1er juillet 1690, selon le calendrier julien de l’époque.

Or, c’est une terrible défaite pour les Jacobites, le nom qu’on donne aux partisans des Stuart (Jacques devenant « Jacobus » en latin). Malgré une défense coriace de la cavalerie irlandaise, les régiments obéissant à la maison d’Orange parviennent à passer en force la rivière et fondent sur les troupes de Jacques, mal positionnées. Les troupes françaises se comportent admirablement, protégeant la déroute du reste de l’armée, mais ne pouvant changer le résultat final. Cette bataille décisive marque un premier échec Stuart de reprise du trône. Le roi parvient à s’enfuir en France depuis Kinsale, et sa famille va installer sa cour pour de nombreuses années à Saint-Germain-en-Laye. Les troupes françaises, elles, rembarquent depuis Galway et retournent en France. Si elles se sont bien comportées au combat, il ne faut pas croire à une idylle en Irlande. Les hommes de Louis XIV ont souvent été méprisants, trouvant les Irlandais pauvres et frustes, et ceux-ci n’ont pas apprécié certaines de leurs manières… Ni le fait que Jacques les écoute plus qu’eux-mêmes. Toutefois, d’importants liens franco-irlandais se nouent à l’époque. On a vu que nombre d’Irlandais passent en France où ils vont se couvrir de gloire pendant des décennies, combattant notamment à Malplaquet en 1709, d’autres dans la marine, comme la famille Mac Nemara. C’est l’origine d’un noyau de troupes irlandaises dont les successeurs combattent pour la France jusqu’à la Révolution, voire au-delà.

II) Les débarquements révolutionnaires

A) Une île en pleine révolte

Après des projets sérieux mais sans commencement d’exécution au XVIIIe siècle, les deux autres débarquements français ayant réellement lieu en Irlande interviennent pendant la période révolutionnaire. Or, la Révolution française de 1789 a des échos jusque dans l’île d’émeraude, où les évènements français sont suivis et plutôt appréciés. Cet exemple influence durablement les Irlandais, dont la situation matérielle et morale a peu changé depuis le XVIIe siècle. Si des réformes ont été très progressivement adoptées, la majorité catholique est à peu près écartée de la direction des affaires à cette époque et ne possède pratiquement pas la terre. Ceci sans parler de l’attitude méprisante de certains possédants venus de Grande-Bretagne, dont des Écossais, en Ulster, tous n’étant pas Anglais. Ils s’ont à l’origine du peuplement qui s’est maintenu jusqu’à nos jours dans ce qui est devenu l’Irlande du Nord.

Ainsi, suivant les évènements du continent, à partir de 1793, les positions se radicalisent des deux côtés, même si tous les Irlandais ne sont pas attirés par les idées révolutionnaires. C’est notamment le cas de la hiérarchie catholique qui craint un mouvement anticlérical comme celui que connaît la France de la Terreur (et même dès avant). Toujours est-il que des violences éclatent à partir de 1795, notamment en Ulster (Nord), où les presbytériens et anglicans jugent le moment venu pour se débarrasser des catholiques qui avaient occupé des terres à l’abandon, suite à l’émigration vers les États-Unis des tenanciers et propriétaires protestants, ou tout simplement de ceux s’opposaient à eux. Cinq à sept mille personnes perdent ainsi la vie. De plus, dans toute l’île, notamment par crainte de la contagion révolutionnaire, des violences similaires ont lieu et une loi est votée qui donne au gouvernement les moyens légaux de réprimer tout acte de révolte, l’Insurrection Act de 1796. Or, le parlement de Dublin est majoritairement aux mains des protestants.

B) Une occasion manquée : 1796

Tout ceci, par effet d’entraînement, radicalise les sociétés culturelles et/ou politiques irlandaises qui avaient été formées pour réclamer plus de droits, mais sans renier le lien avec la couronne britannique. C’est le cas de la très importante société des Irlandais-Unis (United Irishmen), qui se militarise à partir de ce moment et se jure de faire de l’Irlande une république. Elle se tourne donc tout naturellement vers la France, par l’intermédiaire d’un personnage central dans l’histoire de la lutte irlandaise : Théobald Wolfe Tone. Ce protestant (ce qui en dit long) exilé à Paris est devenu officier français. Il parvient à rallier à sa cause suffisamment de soutiens pour qu’une expédition soit envisagée, et même autorisée par le pouvoir. Elle reçoit pour commandant le prestigieux général Hoche… Mais dès le début est mal engagée : la marine française est très affaiblie depuis le départ d’une majorité de ses officiers d’Ancien Régime à partir de 1789.

Ceux qui restent sont très réticents à l’idée d’engager, surtout près des bases de la Royal Navy, un outil mal entretenu, et manquant de cadres. Ainsi, les retards s’accumulent tout au long de l’année 1796, mais finalement 15.000 hommes embarquent sur 42 navires le 15 décembre de cette année, ce qui est un effectif deux fois supérieur à 1690. Les moyens réunis sont donc tout sauf négligeables. Pourtant, l’expédition tourne court à cause d’une tempête qui sépare les navires : seuls quinze atteignent la baie de Bantry… Où ils ne restent pas, le mauvais temps empêchant un débarquement sécurisé. C’est une occasion manquée car les moyens étaient là, et le projet a totalement surpris les Britanniques qui ne s’y attendaient pas, nouvelle preuve de la non-invincibilité de leur marine qui ne peut protéger toutes les côtes en même temps, malgré son excellente réputation. Or, deux ans plus tard, quand le dernier débarquement va réussir, ils auront eu le temps d’écraser la révolte irlandaise.

B) Le débarquement de 1798 et ses conséquences

En effet, la sérieuse tentative de 1796 fait peur à Londres, qui déploie d’importants moyens pour écraser la rébellion irlandaise. Les Français ne mettent pourtant pas fin à leurs projets de débarquement, mais ils tiennent peu compte de la situation locale, ce qui va se révéler lourd de conséquences. Deux ans plus tard, une nouvelle tentative est ainsi tentée, avec succès. Déjouant une nouvelle fois la surveillance de la Royal Navy, un bon millier d’hommes parvient donc à partir de France et toucher terre en Irlande le 22 août 1798, dans le comté septentrional de Mayo, au bourg de pêcheurs de Kilcummin. Cette route, beaucoup plus longue que vers Cork ou Kinsale est aussi beaucoup plus aléatoire et moins surveillée, ce qui explique en partie cette réussite. De plus, l’ouest de l’île est resté plus gaélique et rural, et souvent plus hostile aux Anglais. Les troupes françaises arrivent donc dans un environnement potentiellement favorable. Elles sont commandés par le général Humbert, combattant courageux qui a franchi les échelons rapidement depuis 1792, comme beaucoup de ses contemporains. Toutefois, tous les navires ne sont pas parvenus à le rejoindre. Ainsi, la faiblesse de ses moyens est dès le début patente, et il intervient dans une île où les succès potentiels d’une rébellion sont beaucoup moins importants que deux ans plus tôt.

Toutefois, il ne reste pas inactif : des ruraux et des Irlandais-Unis se joignent à lui rapidement, et il marche sur Killala, ville ayant une importance locale et proche du lieu de débarquement. Le courage et la volonté sont bien présents, mais les insurgés locaux manquent cruellement d’armement et d’entraînement, ce qui agace les Français, pas toujours amènes avec leurs hôtes. Néanmoins, l’armée d’Irlande parvient à s’emparer de Ballina et, mieux, à l’emporter sur les 6000 hommes de Lake à Castlebar, ville d’importance régionale, quelques jours plus tard. Pour l’emporter dans cette localité non sans valeur, Humbert a fait monter ses hommes à l’assaut au pas de charge, et les Irlandais se sont battus si vaillamment que les lignes britanniques ont été enfoncées malgré la disproportion évidente de moyens. La déroute est telle que ceux qui se sont enfuis l’ont fait si rapidement qu’ils ont été copieusement brocardés dans les écrits et les caricatures du temps. À tel point que l’on a parlé de « courses de Castelbar » (Castelbar races). Contre toute attente, ces débuts furent donc couronnés de succès, mais bientôt l’expédition d’Irlande allait tourner court.

Chanson sur Henry Joy, héros de l’insurrection de 1798. Interprétation, Tommy Makem

En effet, malgré l’épisode peu glorieux pour eux de Castelbar, les Britanniques se reprennent rapidement. Ils veulent écraser la révolte avant qu’elle ne s’étende, quelques autres lieux s’étant soulevés. D’ailleurs, tous les avantages sont de leur côté : leur supériorité numérique de plusieurs dizaines de milliers d’hommes est écrasante, et la surprise est passée. Bien que Humbert ait déployé une activité intense, pris de nombreuses décisions et vu une éphémère république irlandaise être proclamée… Il a des effectifs squelettiques et, pour ne pas tomber aux mains de son adversaire, il décide de se mettre en marche vers Sligo début septembre, y espérant des renforts irlandais. Les forces royales, commandées par Cornwallis, le fameux vaincu de la bataille de Yorktown, opèrent donc méthodiquement pour le vaincre. Elles encerclent peu à peu les forces franco-irlandaises. Bien qu’elles se défendent courageusement et repoussent de nombreuses attaques, celles-ci sont encerclées par 30.000 hommes dans la plaine de Ballinamuck courant septembre. Humbert doit se rendre, ne pouvant évidemment l’emporter face à une telle troupe. Toutefois, il réussit à obtenir pour ses hommes des conditions de reddition correctes, là où la répression qui s’abat sur les Irlandais va être terrible. Ainsi se terminait le dernier débarquement français en Irlande.

Reddition du général Humbert, gravure de 1798, musée National d’Irlande. Photo de l’auteur, 03/08/2017

Conclusion et mémoire

Finalement, ces trois ou quatre descentes ont été des échecs à plus ou moins brève échéance. Les raisons furent à chaque fois proches (un manque de moyens et une réaction vive de l’adversaire une fois le sol irlandais atteint), même si chacune garde sa spécificité. D’ailleurs, en restant dans le champ de l’histoire contrefactuelle, on peut se demander ce qui se serait passé si l’expédition de 1796 avait pu être menée à son terme, car les conditions étaient autrement plus propices que deux ans plus tard. Si les buts visés ne furent pas atteints, reste que, malgré l’absence de désintéressement de la part des Français, l’expérience a renforcé les liens entre les deux pays et permis la naissance de nouvelles traditions militaires, notamment avec l’emploi important d’Irlandais sous les drapeaux français. Ces expériences constituent bel et bien des attaques directes sur le sol des îles Britanniques, dont on a trop tendance à lire qu’elles sont restées inviolées depuis l’invasion normande de 1066. La persistance, au fil des siècles, de plans d’invasion côté français est frappante. En plus de ceux évoqués, certains furent près d’être tentés ou étaient, du moins sur le papier, impressionnants, notamment sous Louis XIV et pendant la guerre de Sept Ans. Au final, ces événements, loin d’être majeurs, restent intéressants à étudier et ont donné lieu, côté irlandais, à une mémoire assez vivace, ce qui n’est pas forcément le cas de ce côté-ci de la mer Celtique.

En France, ils sont par exemple cités dans quelques revues et livres dont vous avez un échantillon assez représentatif dans la bibliographie indiquée, et c’est à peu près tout. Ainsi, en dehors de ces auteurs spécialistes et du lectorat assez restreint qui les lit, ils restent très peu connus du grand public, malgré quelques rapprochements culturels plus récents (reconstitutions historiques..). Les raisons sont multiples : ces débarquements n’ont pas été des succès foudroyants, et, en général, le fait maritime intéresse moins les Français que ce qui est continental. Sans faire de généralités, il sera par exemple beaucoup plus facile pour beaucoup de gens de citer une victoire terrestre française qu’une victoire navale, surtout pour la période de la Révolution et de l’Empire. Il n’est donc pas étonnant que ces trois-quatre épisodes soient presque tombés dans l’oubli en France, même si les moyens étaient là sous Louis XIV, et en 1796, on l’a vu. Pourtant, avec la participation à la révolte de l’Écosse de 1745-46 et le débarquement raté de Fishguard au Pays de Galles en 1797 , ils restent symboliquement importants et montrent que la Royal Navy ne pouvait pas tout empêcher. 

Côté irlandais, la mémoire de ces tentatives de secouer le joug britannique reste plus développée, surtout dans le cas de la dernière. Outre les commémorations encore effectuées de nos jours et les plaques récemment dévoilées sur les lieux, les habitants nomment encore 1798 « The year of the French », soit « L’année des Français. » Un tourisme de mémoire existe dans le comté du Mayo, ce qui pourra étonner plus d’un hexagonal. Malgré l’échec et des relations parfois conflictuelles entre Irlandais et Français à l’époque, ces aspérités ont été largement oubliées aujourd’hui. On ne compte plus les chansons et les livres qui parlent de cet événement comme par exemple Bantry bay, the French on the sea, interprétée par Derek Warfield dans l’album au titre évocateur: Liberté ’98. On citera aussi un roman historique d’un grand professeur et romancier américain passionné de l’Irlande : Thomas Flanagan, auteur de l’ouvrage justement nommé The year of the French (1979). Et cette liste est loin d’être exhaustive.

Bibliographie sélective

– JOANNON (Pierre), Histoire de l’Irlande et des Irlandais, Paris, Perrin, coll. « Tempus », 2009, 832 p.

– ORTOLAN (Henri), Le général Humbert, Héros de l’Irlande, Saint Barthélémy d’Anjou, Olizel, 2022, 415 p. Voir ma critique sur la Gazette du Wargamer.

– « France-Irlande », Revue historique des armées n° 253, 2008.

– Voir les articles sur la Glorieuse Révolution ailleurs sur le site.

Cet article est une reprise et une mise à jour de billets précédemment publiés dans l’Antre du Stratège.

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